mercredi 13 juin 2012

Sermon de l'abbé Michel Koller (FSSPX) le 10 juin 2012 en la chapelle ND de la Merci de Clermont-Ferrand




«Mes biens chers fidèles,

Aujourd’hui je ne vous ferai pas de sermon mais je vous ferai simplement une exposition d’une situation afin de vous aider dans votre réflexion comme je dois le faire moi-même.

Comme la majorité d’entre vous le savent, cette semaine il y aura des signatures qui auront lieu à Rome pour reconnaître la F.S.S.P.X et lui donner une prélature personnelle c’est-à-dire que nous dépendrons directement du pape. Devant la gravité de cet acte, j’ai appris que le jour de mon baptême, le jour de ma confirmation et particulièrement le jour de mon ordination sacerdotale j’ai reçu un devoir de même que vous vous l’avez aussi reçu : le 1er devoir c’est d’étudier ma Foi ; le 2e devoir c’est d’exposer ma foi, de la montrer, de la pratiquer ; le 3e devoir c’est celui de défendre ma foi contre l’erreur. Aujourd’hui ma Foi est en danger.

Car mes biens chers fidèles, si je ne veux pas faire maintenant l’historique de tout ce qui nous a amenés à une signature d’un accord, permettez-moi de vous citer des textes et d’en donner quelques brefs commentaires afin que vous compreniez quel est l’enjeu. Et que chacun puisse ensuite après réflexion et méditation agir en conséquence.


Première phrase que je voudrais relever qui est une phrase qui a été écrite par Mgr Fellay le 14 avril 2012 lorsqu’il s’adressait aux 3 autres évêques de la F.S.S.P.X qui ont eux manifesté une opposition ferme à tout accord avec Rome. Dans la lettre que Mgr Fellay adresse à ces évêques je retiens une phrase. La voici : « Pour le bien commun de la Fraternité nous préfèrerions de loin la solution actuelle de statu quo intermédiaire mais manifestement Rome ne le tolère plus. »
 
Mes biens chers fidèles cette phrase est extrêmement lourde de conséquences. Car vous avez appris comme moi-même qu’un père de famille a un devoir grave et un devoir premier de veiller sur le bien commun de sa famille. Un chef d’entreprise a un devoir grave et un devoir premier de veiller sur le bien commun de son entreprise et également un supérieur d’une communauté religieuse. Mais ici je lis que « pour le bien commun de la Fraternité nous préfèrerions de loin la situation actuelle. » Mais Mgr Fellay visiblement passe outre le bien commun de la Fraternité.

On peut légitimement se poser la question mais si Mgr Fellay agit ainsi il y a peut-être un changement favorable du côté de Rome. Et à ce moment-là il serait bon et opportun de se rapprocher tant soit peu du pape. Mes biens chers fidèles pour ceux qui ont tant soit peu étudié la question pour savoir s’il y a un changement important dans la Curie romaine et chez Benoit XVI auront remarqué comme moi ce qui suit. Ceux-ci sont des faits :

Lorsque fut promulgué le Motu Proprio du 7 juillet 2007 libéralisant la messe tridentine des esprits prudents s’étaient promis de juger de la bonne foi de son auteur en observant ses actes à venir. Il est vrai que le Motu Proprio libérant la messe traditionnelle, - comme s’il fallait la libéraliser s’il vous plait -, laissait entrevoir un petit printemps dans l’Eglise.

Cependant il est bon de rappeler que le 21 octobre 2007 le pape a fait la réunion interreligieuse de Naples, en 2008 au mois d’avril il a visité la synagogue de New-York. Comme vous le savez ce n’était pas pour voir l’architecture mais pour bien d’autres choses graves.

En 2008 il y a eu les JMJ de Sydney avec sa liturgie inculturée et ses rituels païens qui ont été introduits dans ces JMJ de Sydney en la présence du Saint Père. En 2009, mois de mai 2009, le Saint Père a fait la visite de la mosquée du Dôme de Jérusalem. Et là ce n’était pas pour admirer non plus l’architecture mais pour y prier. En 2009, toujours le même jour, il y a eu le rituel juif au mur des Lamentations qui n’est pratiqué que par les juifs seuls mais là il a été pratiqué par Benoit XVI. En 2010, janvier 2010, il y a eu la visite à la synagogue de Rome. Au mois de mars 2010, participation active au culte luthérien à Rome. 

Au mois de mai 2011, béatification de Jean-Paul II et au mois d’octobre 2011 réitération du scandale d’Assise où non seulement y ont été réunies toutes sortes de religions mais en plus des athées qui ont pu exprimer non pas leur foi bien sûr mais leur point de vue sur le domaine de la foi.

Autant de choses, biens chers fidèles, qui assombrissent sérieusement le printemps que nous aurions pensé voir venir à travers le Motu Proprio. On peut me bercer avec une multitude de paroles mais on ne me bercera pas par des actes comme nous venons de les énoncer. Ses actes sont extrêmement gaves devant Dieu car il pèche essentiellement contre le premier commandement mais également il pèche parce que par ses actes comme disait Mgr Lefebvre il a continué de découronné Notre Seigneur Jésus-Christ.

Bien sûr, mes biens chers fidèles, certains d’entre vous qui aimeraient avoir une espérance très grande en disant il ne faut pas simplement regarder sur ses actes mauvais puisqu’il nous tend la main, saisissons-là. Alors biens chers fidèles je vous réponds par l’intermédiaire de Mgr Fellay lui-même. Car signé un accord avec Rome aura des conséquences et parmi les conséquences en voici quelques-unes. Je ne fais que citer Mgr Fellay. Vous trouverez cela dans le journal officiel de la Maison Généralice de la F.S.S.P.X, n° 256. Le titre du numéro s’intitule : Entretien avec Mgr Fellay sur les relations avec Rome. Donc ce n’est pas de moi. Et j’insiste mes chers fidèles, il faut nous rendre compte des conséquences d’un tel acte.

Parmi les nombreuses questions qui sont posées à Mgr Fellay il y a la suivante : «Une prélature personnelle est la structure canonique que vous avez indiqué dans de récentes déclarations. Or dans le code le canon 297 demande non seulement d’informer mais d’obtenir l’autorisation des évêques diocésains pour fonder une œuvre sur leur territoire. S’il est clair que toute reconnaissance canonique préservera notre apostolat en son état actuel êtes-vous disposé à accepter que les œuvres à venir ne soient possibles qu’avec la permission de l’évêque dans le diocèse où la Fraternité Saint Pie X n’est pas actuellement présente »
 
Réponse de Mgr Fellay : «Il est vrai comme c’est le droit de l’Eglise que pour ouvrir une nouvelle chapelle ou fonder une œuvre il serait nécessaire d’avoir la permission de l’ordinaire local. Nous avons bien évidemment présenté à Rome combien notre situation actuelle était difficile dans les diocèses et Rome est encore en train d’y travailler. Ici ou là cette difficulté sera réelle mais depuis quand la vie est-elle sans difficulté ? » Donc mettons-nous bien à l’esprit mes chers fidèles qu’à partir de la signature toute chapelle, toute action particulière dans un diocèse devra avoir l’autorisation, l’aval de l’évêque du lieu.

Mieux encore ou pire encore. Question à Mgr Fellay : « Toujours s’il y a reconnaissance canonique donnerez-vous la possibilité à des cardinaux de la Curie ou à des évêques de visiter nos chapelles, de célébrer la messe, d’administrer les confirmations, peut-être même de conférer les ordinations dans vos séminaires ? » Réponse : « Des évêques favorables à la Tradition, - j’aimerais bien en connaître –, les conservateurs vont se rapprocher. Il y a tout un développement à prévoir sans en connaître les détails particuliers, - on avance dans le flou mais on avance -, et il aura aussi certaines difficultés ce qui est tout à fait normal. Il ne fait pas de doute qu’on viendra nous visiter mais pour une collaboration plus précise comme la célébration de la messe ou des ordinations cela dépendra des circonstances. » Donc mes biens chers fidèles il faudra vous attendre à voir Mgr Simon Hippolyte ici éventuellement pour des confirmations. Je vous souhaite bon courage.

Alors certains me diront mais enfin quand même il ne faut pas exagérer il y a certainement de bons évêques qui seront bienveillants à notre égard. La réponse biens chers fidèles ne vient encore une fois pas de moi mais des évêques diocésains eux-mêmes. Au sujet de cette intégration de la F.S.S.P.X dans les diocèses voilà ce que pensent les évêques de France. Je cite : « La reconnaissance de la F.S.S.P.X va-t-elle changer la donne dans les diocèses ? Pas mal d’évêques sans trop y réfléchir ne le pensent pas. Mais eux, pour eux, des marginaux illégaux vont devenir des marginaux légaux un peu comme des Roms auxquels une municipalité concède le terrain de camping qu’ils occupaient. » Merci pour les illégaux, merci pour les Roms, merci pour le camp de camping. Je vais m’en rappeler, je vais m’en souvenir.

Petit détail ceci dit en passant. Dans cet article qui encore une fois n’est pas de la Fraternité Saint-Pie-X ni de moi-même mais des modernes, au sujet de la messe du Motu Proprio donc de la messe Saint-Pie-V, elle a été autorisée, comme s’il fallait une autorisation, par le pape Benoit XVI, par ce que l’on appelle le Motu Proprio. Les fidèles ont-ils eu la possibilité les facilités pour avoir cette messe ? L’article en question reprend diocèse après diocèse. Je ne lirai pas tout, ce n’est pas nécessaire. Dans le domaine de Poissy et à Mantes l’application du texte de Benoit XVI est bloqué. A Paris, Mgr Vingt-Trois n’accorde pas la messe à Saint-Etienne-du-Mont, Ve arrondissement, malgré une forte demande locale. Au diocèse de Vannes, à Lorient, Mgr Centène ne se soucie pas non plus des demandes de l’application du Motu Proprio. A Reims, Mgr Thierry a toujours été connu comme l’un des plus farouches adversaires pour la contamination traditionnelle, - merci pour la contamination -, la contamination traditionnelle du clergé diocésain. Il n’accorde pas la messe hebdomadaire dans sa ville épiscopale. Ici dans le diocèse de Clermont Mgr Simon Hippolyte a dit au Père Chabriat malheureusement décédé, je tiens ça directement de l’abbé Chabriat : « La messe traditionnelle en Auvergne aura encore lieu de citer aussi longtemps que la F.S.S.P.X sera présente sur notre territoire. Dès qu’elle aura disparu, Randol et les Capucins n’auront plus le droit de célébrer cette messe.»
 
Mes chers amis la signature a un prix. Il faut savoir aujourd’hui si vous-même et je parle ici spécialement pour les anciens vous avez lutté pendant 40 ans pour trouver des lieux de culte en vous réfugiant dans des garages, en étant dans des lieux insalubres parce que vous avez été critiqués, condamnés, mis sur le banc des accusés, par l’Église moderniste, est-ce que vous avez lutté pendant 40 ans pour rien ? Pour maintenant faire une alliance avec ceux qui n’ont pas changé d’un iota ? C’est comme lorsqu’on demandait dernièrement à un soldat qui a fait la guerre de Diên Biên Phu au Vietnam. On lui a posé la question : « Et aujourd’hui vous votez pour François Hollande, pour les communistes ? » Je ne vous donne pas la réponse parce qu’elle était digne d’un militaire grossier. C’était impensable pour ce militaire de se mettre derrière un parti communiste alors qu’il avait lutté, risqué sa vie, et que des centaines et des milliers de ses camarades sont morts à cause du communisme. Eh bien moi je vous dis aussi personnellement ça fait plus de 30 ans que je lutte contre le modernisme et j’ai assisté à la mort de plusieurs confrères qui ont été méprisés par les évêques, par des papes. Et vous voudriez maintenant que je fasse une alliance avec ces gens-là ! Libres à vous ou à certains de se vautrer dans cette boue. Mais vous le ferez sans moi.

Alors mes chers amis il va falloir conclure. Pour cela je voudrais vous rappeler quelques brefs principes. Mes biens chers fidèles vous pouvez être pour ou contre les accords mais il y a une chose que vous et moi nous devons faire c’est réfléchir sur les principes de Foi. Tout d’abord permettez-moi de vous rappeler ce que disait le Père Barielle, directeur spirituel à Ecône, confesseur de Mgr Lefebvre, qui a été un homme de foi et qui a donné une impulsion merveilleuse, providentielle à la F.S.S.P.X en lui donnant les Exercices Spirituels de St Ignace. Voilà ce qu’il écrivait en 1982 : «J’ai tenu à écrire ceci pour servir à tous de leçon. Le jour où dans la Fraternité Saint-Pie-X on oubliera l’esprit et les règles du fondateur, la Fraternité sera perdue. Plus que cela, dès maintenant, tous ceux de nos frères qui se sont permis de juger et bientôt de condamner le fondateur et ses principes n’ont pas tardé à quitter la Fraternité, l’enseignement traditionnel de l’Eglise et la messe instituée par Notre Seigneur Jésus-Christ.» Mes frères il n’y a jamais eu d’exceptions à ce que ce père a écrit. Tous ceux sans exception qui ont critiqué Mgr Lefebvre et qui se sont alliés avec Rome, tous sans exception ont dû avaler le Concile Vatican II et ses erreurs ainsi que la nouvelle messe.

Quel est donc l’esprit du fondateur ? N’oubliez jamais mes biens chers fidèles, et c’est ce que me disait souvent le Père Barielle, Mgr Lefebvre a reçu les grâces de la fondation de la Fraternité, tous les autres membres n’ont pas cette grâce, ils ont la grâce de poursuivre l’œuvre de Mgr Lefebvre. Si on veut changer la grâce qu’a reçu Mgr Lefebvre ont fait autre chose et on tombe. Alors, qu’est-ce que disait Mgr Lefebvre et c’est à cela que je m’accroche et ce sont ses principes que je vous demande de méditer.

Le 27 novembre 1988, donc c’est après les sacres que Monseigneur prononce ce discours, il est donc excommunié par la Rome moderniste. Voilà ce qu’il dit : « La vraie opposition fondamentale entre Rome et nous est le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il faut qu’Il règne nous dit saint Paul, Notre Seigneur est venu pour régner. Eux disent NON et nous nous disons OUI avec tous les papes. Pourquoi les missionnaires dont tant se sont faits massacrés ? Pour prêcher que Notre Seigneur Jésus-Christ est le seul vrai Dieu, pour dire aux païens de se convertir. Alors maintenant il faudrait faire le contraire et dire aux païens votre religion est bonne. Conservez-la du moment que vous soyez de bons bouddhistes, de bons musulmans et de bons païens. C’est pour cela que nous ne pouvons pas nous entendre avec Rome car nous obéissons à Notre Seigneur Jésus-Christ, à Jésus-Christ disant aux apôtres : « Allez enseigner l’Evangile jusqu’aux extrémités de la terre. » C’est pourquoi il ne faut pas s’étonner que nous n’arrivions pas à nous entendre avec Rome. Ce n’est pas possible tant que Rome ne reviendra pas à la foi dans le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, tant qu’elle donnera l’impression que toutes les religions sont bonnes. Nous nous heurtons sur un point de Foi Catholique. »
 
Quelques mois plus tard, mais toujours en 1988, Monseigneur disait : «Nous devons être indemnes de toutes compromissions tant à l’égard des sedevacantistes (ceux qui pensent que le pape n’est plus pape) qu’à l’égard de ceux qui veulent absolument être soumis à l’autorité ecclésiastique. Nous voulons demeurer attachés à Notre-Seigneur Jésus-Christ. Or Vatican II a découronné Notre Seigneur. Nous, nous voulons rester fidèles à Notre Seigneur Roi, Prince et Dominateur du monde entier. Nous ne pouvons rien changer à cette ligne de conduite. Aussi, quand on nous pose la question de savoir quand il y aura un accord avec Rome, ma réponse est simple : Quand Rome recouronnera Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous ne pouvons être d’accord avec ceux qui découronnent Notre Seigneur. Le jour où ils reconnaîtront de nouveau Notre Seigneur Roi des peuples et des nations, ce n’est pas nous qu’ils auront rejoint mais l’Eglise Catholique dans laquelle nous demeurons.»
 
Voilà mes chers fidèles ce que moi je peux signer aujourd’hui. Le jour de mon ordination sacerdotale j’ai signé le serment antimoderniste. Cela veut dire que j’ai signé pour combattre cette erreur qui est l’égout collecteur de toutes les hérésies selon l’expression de saint Pie X. Non seulement j’ai signé mais je ne retirerai pas ma signature même si on me chasse des églises que nous avons construites. La F.S.S.P.X à laquelle j’adhère pleinement et entièrement mais à la Fraternité antimoderniste, cette Fraternité-là continuera et je continuerai dans cette voie-là. Ce sera durant ma vie jusqu’à la mort.

Et je tiens à affirmer encore pour terminer que j’ai vécu pendant de nombreuses années avec un saint prêtre qui s’appelait monsieur l’abbé La Praz qui a offert sa vie et toutes ses souffrances non seulement pour l’Eglise mais pour la Fraternité Saint-Pie-X. Et je sais avec conviction ceci pour en avoir parlé mainte et mainte fois avec ce saint prêtre qui était de surcroît un ami, je sais que jamais il n’aurait signé autre chose que le serment antimoderniste. Déjà en 1990 Monsieur l’abbé La Praz et moi-même nous avions constaté qu’il y avait des personnes qui avaient été infiltrée dans la Fraternité Saint-Pie-X comme cela s’était fait au concile Vatican II. Nous avons averti qui de droit, la seule chose que nous avons reçue en retour c’était des coups de crosse. Mais ceci n’a aucune importance car nous continuerons ce combat puisque nous l’avons signé, puisque nous aimons l’Eglise, la véritable, nous continuerons ce combat avec tous ceux qui voudront le suivre. Donc de grâce biens chers fidèles, nous travaillons pour le Ciel et non pas pour tel ou tel évêque ou pour tel ou tel pape. Je travaille pour le Christ-Roi et pour personne d’autres. Que cela soit dit, que cela soit répété, je l’ai dit et je vous bénis. Ainsi soit-il. »

Abbé Koller

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.