Conférence donnée à Nantes, le 18 mai
2012
par M. l’abbé de La Rocque, prieur de
Nantes,
expert lors des discussions doctrinales
entre Rome et la FSSPX de 2009 à 2011.
Les titres sont de nous
Introduction
Nous voici donc à nouveau réunis ce soir pour faire un point sur la
situation des rapports entre notre Fraternité et Rome.
Pourquoi cette conférence ?
Deux faits m’obligent à ce nouveau point.
Tout d’abord, vous en avez pour la plupart je pense pris connaissance,
la publication indiscrète sur internet d’un échange épistolaire entre, d’une
part, la Maison Générale et Mgr Fellay et, d’autre part, les trois autres
évêques de notre Fraternité. Ces lettres laissent apparaître une forte
divergence entre eux, mais ne précisent pas l’objet de cette divergence. Nous
sommes face à deux avis, opposés, mais il ne nous est pas décrit sur quoi
portent ces avis de manière précise. Afin d’éviter que chacun se pose en juge
des uns et des autres, il importe de manifester un tant soit peu la complexité
de la situation, des enjeux présents, de décrire précisément cet objet sur
lequel portent ces différents avis épiscopaux. Préciser les faits pour ne pas
juger des personnes, pour éviter d’avoir des réflexes partisans, passionnels et
donc, non chrétiens.
Deuxième fait, la possible intervention
de Rome dans les jours à venir. La
doctrine de la Foi s’est réunie ce mercredi (16 mai) pour étudier le dossier.
Cet après-midi même, le Cardinal Levada a remis les conclusions de la Doctrine
de la Foi au Pape, et les bruits récurrents laissent entendre que le Pape
pourrait, autour de la Pentecôte, donner son avis public, trancher la chose.
Ceci dit, si ces bruits étaient systématiques jusqu’à mercredi dernier, le
communiqué qu’a fait publier la Doctrine de la Foi suite à sa réunion de
mercredi laisse entendre que cette décision pourrait être reportée, en raison
précisément de la divergence des évêques au sein de la Fraternité.
Ceci dit, si cette intervention pontificale devait arriver ces
jours-ci, en quoi consisterait-elle ?
Elle
consisterait à rendre publique une déclaration doctrinale rédigée par la Maison
Générale de la Fraternité, pour l’agréer. Et ce serait par là même la porte
ouverte à la résolution canonique du statut de notre Fraternité, sans doute au
moyen de l’érection d’une Prélature personnelle. Pour pouvoir donc estimer et
nous positionner chrétiennement et de manière aussi éclairée que possible
devant ces faits, il nous faut revenir aux événements là où nous les avions laissé
voici un mois et demi.
Intentions
romaines.
Lors de ma dernière conférence, j’insistais principalement pour
souligner quelles étaient les intentions romaines à notre endroit telles
qu’elles se manifestaient de manière objective à travers une série récurrente
d’événements. Il est très clair – et ce fut l’ossature, je vous le disais, des
discussions doctrinales, ossature de leur part –, il est très clair qu’ils
veulent voir la Fraternité reconnaître la légitimité de la nouvelle messe et
adhérer aux grands enseignements du Concile, par le biais notamment de la
reconnaissance du Nouveau Catéchisme de l’Eglise Catholique.
Une
confirmation de ces intentions : les conclusions de l’inspection
quinquennale de l’IBP.
Un événement survenu quelques jours après ma dernière conférence venait
encore valider cette analyse objective puisque étaient publiées sur internet,
là aussi peut-être de manière indiscrète, les conclusions de la visite
canonique de l’Institut du Bon Pasteur. La visite canonique, on pourrait dire l’inspection quinquennale des autorités
romaines sur toute congrégation. Ce rapport qui en soi a autorité, signé de Mgr
Pozzo – en charge de notre dossier également – se posait comme une pièce
préparatoire du Chapitre Général de l’Institut du Bon Pasteur qui va lui aussi
se tenir cet été.
Peut-être l’avez-vous lu, plusieurs points étaient réclamés de cet
Institut.
1. Tout d’abord de se mettre dans l’esprit du motu
proprio Summorum Pontificum, libérant
la Messe traditionnelle. Ce même motu proprio dit en effet que les deux formes,
ordinaire et extraordinaire, étaient deux formes d’un même rite et que ces deux
formes se valaient. Et donc Mgr Pozzo demande au Bon Pasteur de modifier leurs
statuts puisque ceux-ci prévoient la célébration exclusive de la Messe
traditionnelle pour tous les membres dudit Institut. Mgr Pozzo demande de
supprimer le mot exclusif.
2. Deuxième point, d’un point de vue doctrinal, il est
demandé à cet Institut, je cite Mgr Pozzo, « d’intégrer
l’étude du Magistère actuel des papes et de Vatican II dans la formation des
séminaristes. » Et donc est réclamé, je cite à nouveau « une étude attentive du Catéchisme de
l’Eglise Catholique ».
3. Enfin la formation pastorale octroyée aux séminaristes
doit prendre pour axe Pastores dabo vobis,
un texte de Jean-Paul II, laquelle lettre apostolique est une relecture du
sacerdoce passablement teintée de modernisme.
Donc, nouveau fait qui valide ce que je pouvais vous dire lors de la
dernière conférence et qui plus simplement rejoint ce que Benoît XVI écrivait
aux évêques du monde entier datée du 10
mars 2009, lorsqu’il a dû leur expliquer pourquoi il avait levé le décret
d’excommunication pesant sur nos quatre évêques. Il écrivait donc à ses
confrères dans l’épiscopat : « Moi-même,
dit Benoît XVI, j’ai vu dans les
années qui ont suivi 1988 que, grâce au retour de communautés auparavant
séparées de Rome – il parle donc des communautés dites Ecclesia Dei –, leur climat interne a changé. Le retour
dans la grande et vaste Eglise commune a fait dépasser des positions
unilatérales, a atténué les durcissements, de sorte qu’ensuite en ont émergé
des forces positives pour l’ensemble. »
Autrement dit, Benoît XVI semble expliquer sa politique aux évêques du
monde en disant : accordons-leur le plus possible de choses, aujourd’hui à
la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, et leur retour sous notre coupe, sous
notre autorité effective entraînera progressivement l’abandon de leurs
oppositions.
Concernant notre Fraternité, y-a-t-il là un risque réel ou non ?
Notre réintégration dans
l’Eglise présente-t-il un risque ?
Seuls les faits, à nouveau, peuvent nous permettre d’éclairer notre
lanterne.
L’entrevue
du 16 mars entre Mgr Fellay et le Cardinal Levada.
Regardons donc ce qui s’est passé ce 16 mars 2012, lorsque le Cardinal
Levada a reçu Mgr Fellay. Mgr Fellay raconte en privé combien cet entretien fut
difficile. Il lui fut remis une lettre le mettant au pied du mur, lui réclamant
la signature du Préambule doctrinal soumis à la Fraternité en septembre 2011,
sans quoi Rome renouvelait la déclaration de schisme et par là-même la peine
d’excommunication. Le motif avancé serait la non-reconnaissance du Magistère
actuel de l’Eglise. Propos extrêmement durs, et en effet, un véritable
ultimatum était posé puisque, si Mgr ne répondait pas dans le mois qui suivait,
Rome déclarait passer à l’acte et déclarait le schisme et la peine
d’excommunication.
Position de la FSSPX à l’égard du Magistère
actuel.
Avant de continuer dans les faits, prenons un tout petit peu de recul.
Est-il vrai que notre Fraternité refuse le Magistère actuel ? Il me
semble qu’une distinction doit impérativement être posée. Parce qu’aujourd’hui,
de par la nouvelle théologie, l’expression Magistère actuel a une double
signification.
Bien sûr elle garde son sens traditionnel et là, la Fraternité
reconnaît complètement le Magistère actuel. Elle reconnaît que le Pape actuel,
comme tous ses prédécesseurs, sont les organes du Magistère suprême de
l’Eglise, ainsi que tout Concile, y compris Vatican II. Il est l’organe du
Magistère suprême de l’Eglise. Et c’est précisément cette reconnaissance qui
fait que la Fraternité n’est pas sédévacantiste parce qu’elle reconnaît
l’autorité dont disposent le Pape, les évêques, un concile.
Mais l’expression Magistère actuel a pris un sens nouveau, autre, à
l’occasion du Concile Vatican II. Nouvelle conception qui n’est autre que celle
condamnée par Saint Pie X dans son encyclique Pascendi dénonçant le modernisme (cf. dans Enseignements
Pontificaux de Solesmes, L’Eglise, n° 705) ; conception qui considère le
Magistère sidéré comme l’expression de la conscience ecclésiale. Le Magistère
n’est plus le médiateur nous transmettant l’enseignement du Christ, avec les
garanties de véracité propres au Christ. Non. Le Magistère est considéré comme
l’expression de la conscience interne de l’Eglise. Paul VI dira – c’est lui qui
a signé tous les actes du Concile –, il dira que le Concile c’est un moment où
l’Eglise s’est recueillie en elle-même pour se dire à elle-même ce qu’elle
pensait d’elle-même. Acte de conscience par excellence. Jean-Paul II – qui a
été le Pape qui a mis en application le Concile Vatican II, on peut dire le
grand interprète authentique de ce Concile – disait que le Concile était un
acte d’auto-conscience de l’Eglise. Il l’a dit a plusieurs reprises.
Autrement dit il y a effectivement une véritable confusion qui s’est
installée, au sein même du Concile, puisque cet argument moderniste, cette
conception moderniste du Magistère, a été évoquée pour expliquer l’autorité du
Concile : qui parlait pendant le Concile ? Est-ce que c’était les
évêques le Pape en tant qu’instruments médiateurs du Christ-Vérité, ou était-ce
l’Eglise qui se disait à elle-même ce qu’elle pensait d’elle-même ?
Sans doute ne saura-t-on jamais le discerner, et c’est ce qui rend douteux la valeur magistérielle de ces
textes, de part ces très grandes confusions dont nous ne sommes pas sortis
aujourd’hui. Alors, face à ces confusions, l’âme catholique en général, et plus
particulièrement notre Fraternité, pour rester dociles à l’enseignement
authentique de l’Eglise, n’a pas d’autre solution que de regarder l’objet
enseigné pour voir s’il est conforme ou non à l’enseignement authentique de l’Eglise,
où là, sans l’ombre d’un seul doute, le Magistère engagé était bien le
Magistère ministériel, instrument du Christ-Vérité. On n’a pas d’autre solution
que celle-ci et c’est ce que nous faisons depuis quarante ans. Tout simplement.
Donc dire que la Fraternité refuse le magistère actuel est tout
simplement une véritable caricature, une erreur. Et c’est pour refuser, entre
autres, cette conception moderniste du Magistère, qu’aujourd’hui notre
Fraternité risque d’être à nouveau condamnée disciplinairement.
Contre-message
oral du Pape, appelant la Fraternité à l’aide.
On comprend la grande déception de Mgr Fellay au sortir de cet
entretien. Il disait à ce moment-là : « Je pensais que tout était fini, qu’il fallait suspendre toute discussion
avec Rome pour l’instant. »
Mais voici qu’au sortir de cet
entretien, un nouvel événement va changer la donne. Un prélat demande à voir Mgr Fellay, se disant
missionné par le Secrétaire particulier de Benoît XVI pour transmettre un
message oral : le Pape lui ferait dire que Mgr Fellay ne doit pas tenir
compte de la lettre qui vient de lui être remise ; elle n’exprime pas la
volonté personnelle du Pape ; elle n’est destinée qu’aux archives. Le
Pape, continue ce prélat, a fait de la réconciliation interne de l’Eglise le
cœur de son pontificat – ce qui est vrai, c’est la fameuse herméneutique de la continuité qu’il promeut –, et donc pour cela,
il a besoin de la Fraternité, aussi supplie-t-il Mgr Fellay de ne pas rompre
les discussions.
Quelle crédibilité apporter à ce message oral ? Quand bien même
serait-il réel, et sans doute l’est-il, signifierait-il que la Congrégation
pour la Doctrine de la Foi ne se fait pas, dans le cas présent, l’organe de la
volonté du Pape ? Y aurait-il, au cœur même de Rome, une opposition entre
le Pape d’un côté et la Doctrine de la Foi de l’autre, qui ne marcheraient pas
dans le même sens, sur le même axe ? Nul ne le sait.
Première
divergence entre les quatre évêques : crédibilité de l’appel à l’aide du
Pape.
Et c’est là peut-être qu’apparaît la première divergence, accidentelle,
entre nos quatre évêques. Mgr Fellay estime qu’effectivement, à titre
personnel, le Pape veut le retour à la Tradition. Il s’appuie sur plusieurs
faits, comme celui que je viens de vous raconter. Il s’appuie sur l’accord des
préalables. Et donc il estime que le Pape, de manière personnelle, parce
qu’effectivement le gros de la Curie ne marche pas dans ce sens-là, le Pape
voudrait un retour à la Tradition, et c’est pourquoi il ferait appel à la Fraternité
Sacerdotale Saint-Pie X.
Une telle analyse, c’est vrai, semble contredite par de très nombreux
événements autres. Il n’y a qu’à se rappeler d’Assise 2011. Alors, face à
Assise 2011, les tenants de cette analyse disent : en fait, Benoît XVI a
réuni toutes les religions à Assise en 2011 précisément pour faire mourir
l’esprit d’Assise ; cela a été un véritable flop et donc, il a réussi son
coup, pourrait-on dire très familièrement. Quoi qu’il en soit, Assise 2011
comme Assise 2002, comme Assise 86 restent mauvais en soi, un péché direct
contre le premier commandement, qui se doit d’être dénoncé comme tel. Et on n’a
jamais le droit de poser un acte mauvais en soi, même en vue d’un bien.
Alors effectivement, les autres évêques n’adhèrent pas à cette analyse
de Mgr Fellay. Ils estiment que Benoît XVI reste personnellement imbu de
l’esprit moderniste qui l’a habité en tant que théologien. Et effectivement, on
sait que Benoît XVI est allé par trois fois à la synagogue, il a eu sa
participation active à un culte protestant un dimanche, il a multiplié les
déclarations très fortes en faveur de la liberté religieuse, ainsi de suite,…
Et donc nos évêques résument ce modernisme par un seul mot : le
subjectivisme, c’est-à-dire la primauté du sujet sur l’objet ; inversion
qui est au principe même de la liberté religieuse si chère à Benoît XVI.
Quant à nous, abstenons-nous de juger trop vite sur ce domaine. Qui
sommes-nous pour connaître les dispositions personnelles de Benoît XVI. On ne
connaît pas ses intentions profondes. Le seul constat que nous puissions faire
est celui de ses actes publics, de ses déclarations, c’est tout.
Néanmoins, Mgr Fellay, fort de son analyse, décide donc de poursuivre
les relations avec Rome, pour résoudre le problème canonique. Mais comment ?
On en arrive à l’après-16 mars.
Pas
de reconnaissance unilatérale possible de la part de Rome.
La voie de la reconnaissance unilatérale par Rome – autrement dit nous
reconnaître tels que nous sommes, sans contrepartie – la voie de la
reconnaissance unilatérale par Rome est désormais fermée. L’entretien du 16
mars a été clair, le communiqué que je vous décryptais lors de la dernière
conférence était catégorique : Rome refuse ce type d’accord. Elle le
refuse, et elle estime, le Pape estime, qu’il y a des problèmes doctrinaux qui
séparent la Fraternité Sacerdotale de la Rome actuelle. Ce sur quoi son analyse
est parfaitement juste.
Et c’est d’ailleurs en raison de ces problèmes doctrinaux qu’il a
modifié le statut de la Commission Ecclesia
Dei pour la faire dépendre directement de la Congrégation pour la Doctrine
de la Foi : précisément parce que les problèmes sont d’ordre doctrinaux.
Et donc, la seule solution pour éviter une nouvelle condamnation de la
Tradition, semble de revenir à ce fameux Préambule doctrinal du 14 septembre
demandé par Rome pour le modifier autant que faire se peut. Et c’est là que les
choses se compliquent.
La
position de Mgr Fellay en 2006.
La Fraternité est-elle en droit d’accepter des concessions dans ce
domaine doctrinal ? Peut-elle se permettre de signer des déclarations
doctrinales faites d’ambiguïté, faites – pour reprendre une expression de Mgr
Fellay –, de zones grises ? Les
trois évêques ne le pensent pas. Et c’est pourquoi ils supplient Mgr Fellay de
ne pas faire avec Rome un accord de cette sorte. Ils lui rappellent finalement
la ligne de conduite que Mgr Fellay avait exprimée en 2006 et que vous
trouverez dans une interview faite par Mgr Fellay et publiée dans la revue
Fideliter n°171, mai juin 2006.
Mgr Fellay y expose les trois temps. Premier temps : octroi des
préambules. Deuxième temps : les discussions doctrinales. Troisième temps : la résolution
canonique.
M. l’abbé Célier qui interroge Mgr Fellay demande : « Et si Rome accorde les préalables ? »
Réponse de Mgr Fellay : « Dans
cette atmosphère nouvelle, il conviendra de passer à la deuxième étape,
c’est-à-dire aux discussions. Ici, la grande difficulté sera d’aller au
principe même de cette crise, et non simplement de se lamenter sur les
conséquences désastreuses de ces principes. Tant qu’on ne touchera pas aux
principes, les conséquences continueront inéluctablement. Cette étape-là des
discussions sera difficile, houleuse, probablement assez longue. En tous cas,
il est impossible, inconcevable de passer à la troisième étape, donc
d’envisager des accords, avant que ces discussions aient abouti à éclairer et
corriger les principes de la crise. »
Et M. l’abbé Célier de continuer son interrogation : « Est-ce donc à dire que vous attendrez que la
crise soit pleinement résolue pour signer des accords ?
– Non, nous ne prétendons pas
attendre que tout soit réglé sur le terrain, le plus pratique, le plus humain,
dans les conséquences ultimes de la crise, dans tous les lieux, chez toutes les
personnes. Ce ne serait pas raisonnable. En revanche, il est clair que nous ne
signerons pas d’accord si les choses ne sont pas résolues au niveau des
principes. C’est pour cela qu’il faut des discussions approfondies. Nous ne
pouvons pas nous permettre des ambiguïtés. Le problème de vouloir faire des
accords rapidement, c’est que forcément, il serait bâti sur des zones grises,
et qu’à peine signés, la crise resurgirait de ces zones grises. Il faudra
donc, pour résoudre le problème que les autorités romaines manifestent et
expriment de façon nette en sorte que tout le monde comprenne, que pour Rome il
n’y a pas trente-six chemins pour sortir de la crise, il n’y en a même qu’un
seul de valable : que l’Eglise retrouve pleinement sa propre Tradition
bimillénaire. Du jour où cette conviction sera claire chez les autorités
romaines, et même si sur le terrain tout est loin d’être réglé, des accords
seront très faciles à réaliser. »
La
position du Chapitre Général de la Fraternité en 2006.
C’était donc l’optique en 2006, optique qui a été validée, consacrée
pourrait-on dire, par le Chapitre Général de la Fraternité qui s’est tenu deux
mois après en juillet 2006.
Le Chapitre Général, j’y reviendrai dans un instant, est, quant aux
statuts d’une congrégation, l’autorité suprême, à laquelle même le Supérieur
Général est obligé de se soumettre. Et donc, lors de ce Chapitre Général de
2006, les choses ont été redites de la même manière, tout d’abord d’un point de
vue administratif : « Au cas où
un accord avec le Saint-Siège était sérieusement envisagé, un Chapitre Général
extraordinaire serait convoqué pour traiter de la question. »
Et puis surtout donc cette déclaration finale du Chapitre qui a été
rendue publique : « Si après
l’accomplissement des préalables, la Fraternité attend la possibilité de
discussions doctrinales, c’est encore dans le but de faire résonner plus
fortement dans l’Eglise, la voix de la doctrine traditionnelle. En effet, les
contacts que la Fraternité entretient épisodiquement avec les autorités
romaines ont pour seul but de les aider à se réapproprier la Tradition que
l’Eglise ne peut renier sans perdre son identité. Ces contacts n’ont pas pour
but la recherche d’un avantage pour elle-même, ou d’arriver à un impossible
accord purement pratique. Le jour où la Tradition retrouvera pleinement ses
droits, – là, le Chapitre reprend l’expression de Mgr Lefebvre –, le problème
de la réconciliation n’aura plus de raison d’être et l’Eglise retrouvera une
nouvelle jeunesse. »
Donc d’où effectivement, point de divergence entre nos évêques.
Les
opposants aux accords ne sont pas sédévacantistes.
Peut-on pour autant taxer les évêques de la Fraternité qui sont opposés
à ce type d’accord de sédévacantisme ? C’est évident que non, ce serait
absurde. Sauf à dire qu’en 2006, Mgr Fellay, le Chapitre Général, toute la
Fraternité était sédévacantiste. Je vous ai exprimé tout à l’heure en deux mots
la différence fondamentale entre le sédévacantisme et la Fraternité qui, elle,
reconnaît l’autorité magistérielle propre au Pape, aux évêques, même si elle
regrette que cette autorité ne soit pas exercée de manière claire, mais d’une
manière douteuse de par l’introduction de cette notion moderniste du Magistère.
La
lettre des trois évêques à Mgr Fellay.
Cette lettre des évêques est donc datée du Samedi Saint, 7 avril, donc de
cette période où Mgr Fellay réfléchit intensément pour savoir quelle réponse
adresser à Rome. Et dans ce sens-là, je tiens à dédramatiser : il est
complètement normal, dans un sens, que les évêques, que nos supérieurs majeurs,
réfléchissent entre eux à ces questions. Il est normal qu’il y ait des opinions
divergentes. Il n’y a rien de scandaleux en cela. C’est peut-être justement
cette différence de regard qui, devenus complémentaires, peuvent apporter la
vraie lumière, plus précise. Donc qu’on ne se scandalise pas que les évêques ne
soient pas d’accord entre eux sur un point précis, sur une attitude à avoir.
N’exagérons pas la portée de cette divergence de regard. Ne soyons pas
là-dessus de ceux qui transforment en divisions des divergences en soi
compréhensibles. Attention.
Communiqué
de Rome le 17 avril.
Fait suivant donc, le 17 avril, juste un mois après la rencontre de Mgr
Fellay avec le Cardinal Levada, Rome fait savoir par un communiqué qu’elle a
reçu une nouvelle appréciation de Mgr Fellay, jugée par Rome – je reprends les
mots du communiqué – comme « encourageante ».
Mgr Fellay, en fait, a adressé à Rome une proposition de déclaration
doctrinale, rédigée par lui avec ses assistants généraux. Ce texte, nous ne le
connaissons pas, ni vous ni moi. Les évêques le connaissent. Sans doute, je
suppose, des supérieurs majeurs, mais pas nous. Avant-hier donc, la Doctrine de
la Foi examinait ce texte proposé par Mgr Fellay, disant d’une part qu’elle
avait des observations à faire sur ce texte. La doctrine de la Foi, quand elle
se réunit ainsi le mercredi, rassemble tous les cardinaux membres de la
Doctrine de la Foi, ce qui représente une vingtaine de cardinaux et
d’archevêques. Parmi eux, Mgr Ricard, cardinal archevêque de Bordeaux, le
Cardinal Koch, en charge de l’œcuménisme et du dialogue judéo-chrétien, qui est
loin d’être un conservateur. Evidemment, il y a des réserves.
Deuxièmement, ce communiqué disait que ces observations seraient
exposées à la Fraternité dans les prochaines relations entre la Fraternité et
le Saint-Siège, et d’autre part que le cas des trois évêques serait « examiné séparément et personnellement ».
Ainsi sans doute, peut-être une volonté de diviser se manifeste. Mais la vraie
question est que cette déclaration, dont nous ne connaissons pas la teneur, est
d’ordre doctrinal ; que sans doute, chaque prêtre de la Fraternité devra
se prononcer personnellement devant cette déclaration, si le Pape l’agréait, en
la signant ou en ne la signant pas. Sans doute également, vous serez
inévitablement menés à porter un jugement sur ce texte. Est-il un moyen de
pérenniser et d’étendre le bon combat de la Foi, ce qui serait
fantastique ? Est-il au contraire un risque de compromettre ce combat de
la Foi, ce qui serait dramatique, à vous qui voulez transmettre la Foi à vos
enfants, dans des conditions où cela ne se fait pas sans combat ? D’où la
nécessité d’avoir préalablement en tête, au cas où ce texte serait amené à
paraître d’ici quelques jours, quelques critère doctrinaux qui seuls,
permettront de poser un jugement éclairé, et non pas passionnel.
Quels sont
donc les enjeux de ce texte d’un potentiel accord ?
Encore une fois je n’ai pas lu ce texte. J’ai pris trois enjeux
principaux qui ressortent de manière récurrente, en public ou dans les échanges
officiels qu’on a pu avoir à Rome avec nos interlocuteurs de la Doctrine de la
Foi.
Premier
enjeu : la légitimité du Droit Canon de 1983.
Premier enjeu, c’est le Code de Droit Canonique de 1983. Pouvons-nous
ou ne pouvons-nous pas reconnaître ce Code, pris dans son ensemble, comme la
loi universelle de l’Eglise ? Même à supposer que soit accordé, puisque
cela a été plus ou moins mentionné, un droit propre à la Fraternité. Non. On ne
peut pas admettre que le nouveau Code, comme tel, est une loi universelle pour
l’Eglise. Pourquoi ? Parce qu’une
loi mauvaise n’a pour l’Eglise jamais valeur de loi.
Or le nouveau Code, l’argument a été en son temps bien exposé par Mgr
Lefebvre, a des lois directement mauvaises. Par exemple : l’hospitalité eucharistique. On peut,
d’après le nouveau Code, donner la communion à un protestant qui la réclamerait
pourvu que celui-ci exprime sa foi dans la présence réelle. Loi directement
mauvaise. On pourrait en citer beaucoup comme cela, je ne vais pas faire un
cours de droit canonique. C’est qu’un seul exemple.
Beaucoup de modifications apportées par le nouveau Code émanent d’un esprit
mauvais, décrit par Jean-Paul II lui-même dans la constitution apostolique qui
sert de préface à ce nouveau Code. Je vous lis un passage de cette
constitution : « Cet instrument
qu’est le Code correspond pleinement à la nature de l’Eglise, spécialement
comme l’a décrit le Magistère du Concile Vatican II en général, et en
particulier dans son enseignement ecclésiologique ». C’est la mise en
pratique de toute la nouvelle ecclésiologie erronée de Vatican II. Je continue
la lecture : « En un certain
sens, on pourrait même voir dans ce code un grand effort pour traduire en
langage canonique cette doctrine même de l’ecclésiologie conciliaire. Si
cependant il n’est pas possible de traduire parfaitement en langage canonique
une image conciliaire de l’Eglise, le Code néanmoins doit être toujours être
référé à cette même image comme à son exemplaire primordial. »
Accepter le nouveau Code dans son ensemble comme loi de l’Eglise universelle,
c’est accepter la nouvelle ecclésiologie – le subsistit in et compagnie –
à l’origine entre bien d’autres choses du nouvel œcuménisme.
C’est pourquoi Mgr Lefebvre, en son temps, disait refuser le nouveau
Code en tant que tel, pris comme un tout. L’attitude pratique de la Fraternité
est de garder l’ancien Code avec les adaptations disciplinaires nécessaires au
changement de temps. Donc si jamais, il nous est réclamé la reconnaissance du
nouveau Code comme loi universelle de l’Eglise, il semble bien difficile de
pouvoir l’accepter en conscience. Ce serait dire qu’une loi mauvaise a valeur
de loi ou bien que l’esprit du nouveau Code n’est pas mauvais.
Par contre, si est proposé un accord pratique basé sur les normes du
nouveau Droit, ce n’est pas la même chose. C’est un accord pratique, et pour un
accord, on utilise les normes canoniques telles qu’exposées dans le nouveau
Droit. Cela, on le peut tout à fait. On reste dans le cadre d’un accord pratique
où, quant aux rapports internes d’un institut religieux, aux rapports de cet
institut avec les différentes congrégations, on va utiliser les prescriptions
du nouveau Code dans ce domaine-là. Parce que ce domaine-là est purement
disciplinaire, ce n’est pas l’esprit conciliaire de Lumen Gentium et de Gaudium
et Spes, ce n’est pas la même chose. Là, en soi, si c’est cela qui est
demandé, c’est tout à fait possible. Illustration immédiate : une
prélature personnelle n’existe pas dans l’ancien Code. C’est une structure qui
est née avec l’Opus Dei et qui a été intégrée dans le nouveau Code.
Deuxième
enjeu : la légitimité de la nouvelle messe.
Deuxième point délicat – qui peut mettre en délicatesse avec Rome pour
être plus précis –, c’est évidemment la question de la nouvelle messe. Bien
sûr, on peut reconnaître la validité en soi de la nouvelle messe. Mgr Lefebvre,
Mgr Fellay à sa suite, et nous tous nous l’avons toujours fait. Notons qu’il y
a une nuance. La validité en soi.
Cela veut dire que in concreto c’est
un peu plus compliqué. Pourquoi ? Parce que le rite de la nouvelle messe
étant mauvais en lui-même n’exprime plus l’entière l’intention de
l’Eglise ; Aussi ce rite n’est-il plus le garant de l’intention du
ministre. A l’inverse, le nouveau rite laisse apparaître une intention autre.
Donc c’est plus compliqué. Mais en soi, reconnaître que la nouvelle messe est valide
n’a jamais posé de problème à la Fraternité. Et donc si c’est cela qui est à
nouveau demandé, cela ne posera aucun souci.
Peut-on reconnaître la légitimité de la nouvelle messe ? Nous
sommes dans des nuances de mots vous me direz, mais très importantes. Peut-on
reconnaître la légitimité de la nouvelle messe ou, ce qui revient au même, la
légitimité de sa promulgation ? On est là exactement dans le même cas que
pour le nouveau Code. Reconnaître la nouvelle messe comme légitime voudrait
dire que la nouvelle messe n’est pas mauvaise en soi. Or, elle est mauvaise en
soi, puisqu’elle voile les aspects essentiels de la messe, son sacrifice et sa
finalité propitiatoire. Donc on ne peut pas dire que la nouvelle messe soit
bonne en soi, et donc, on ne peut pas reconnaître au sein de l’Eglise la
légitimité de la nouvelle messe, puisqu’une loi mauvaise n’a pas valeur de loi.
On ne peut pas.
La reconnaître, cela voudrait dire qu’elle n’est pas mauvaise en soi et
donc, à la rigueur, que potentiellement elle peut être célébrée et assistée.
C’est l’avis par exemple de M. l’abbé de Tanouärn, qui vous dit : la
nouvelle messe est légitime. Il a avancé cela voici quatre ans je crois. Quatre
ans plus tard, tout récemment donc, il affirme qu’il est tout à fait logique
que Rome nous demande d’y participer, de s’y associer. Tout à fait logique. Et
le refuser – on brandit à nouveau le spectre du sédévacantisme –, le refuser ce
serait être sédévacantiste dans les faits. Sa démarche est logique, à partir du
moment où l’on a admis que la nouvelle messe est légitime. Donc on ne pourra
pas reconnaître la légitimité de la nouvelle messe ou de sa promulgation, cela
revient au même.
Troisième
enjeu : la reconnaissance du Magistère actuel.
Troisième point qui fait objet de demandes réclamées avec insistance de
la part de Rome : la reconnaissance du Magistère actuel. Vous l’avez
entendu à l’instant : le Cardinal Levada menaçait la Fraternité
d’excommunication pour refus de reconnaissance du Magistère actuel. Il est donc
clair que Rome veut que nous ayons une déclaration d’adhésion totale au
Magistère actuel. Cela a été le leitmotiv, et même le sommet des discussions
doctrinales ; nous savions que lorsque nous aborderions la question du
Magistère, cela partirait en explosion. Cela n’a pas manqué.
Nous rejoignons ici l’acceptation du Nouveau Catéchisme. Le seul
problème, c’est que dans un texte doctrinal, ils ne peuvent pas nous imposer le
Nouveau Catéchisme. Pourquoi ? Parce que le Nouveau Catéchisme, tout
catéchisme, même romain n’a jamais de valeur magistérielle au sens strict et
qu’ils ne peuvent pas dire dans une déclaration doctrinale qu’il faut que
nous reconnaissions le Nouveau Catéchisme.
Alors deux formules sont possibles de la part de Rome, pour satisfaire Rome,
mais inadmissibles quant à nous, sauf à renier ce combat de la Foi.
Première
formule : reconnaissance de l’herméneutique de la continuité.
Première formule dont Rome se satisferait : c’est une reconnaissance explicite de l’herméneutique
de la continuité, entre Vatican II et le Magistère antécédent, telle
qu’exprimée par exemple dans le Nouveau Catéchisme. Cette formuler était à un
ou deux détails près, celle du préambule doctrinal de septembre 2011. Cette
formule évidemment est inadmissible sauf à faire siennes toutes les erreurs du
Concile et issues du Concile.
Deuxième
formule : éclairage mutuel de Vatican II et de la Tradition.
Il y a aussi une autre formule qui est possible, qui est revenue
beaucoup dans la bouche de nos interlocuteurs romains lors des discussions
doctrinales, et c’est ça qui me fait penser qu’elle est possible. Il pourrait
être demandé de reconnaître que le Magistère antécédent éclaire Vatican II et
que Vatican II éclaire le Magistère précédent, et en précisant que seul le
Magistère actuel est l’interprète
authentique du Magistère antécédent. Autrement dit, là aussi, c’est livrer
pieds et poings liés le combat de la Foi entre les mains de ceux qui pour
l’heure ne veulent pas encore le mener.
Deux formules – il y en a peut-être d’autres, mais se sont les deux
principales qui me viennent à l’esprit, les deux que j’ai entendues, que j’ai
lues, que j’ai vues – deux formules qui sont inacceptables. Elles feraient de
la Fraternité Saint Pie X un Institut du Bon Pasteur bis qui serait
effectivement soumise à des personnes comme Mgr Pozzo, de la Doctrine de la
Foi, qui veulent tout nous faire avaler.
La seule formule acceptable en cette matière de Magistère, serait celle
qui prendrait en compte la distinction que nous avons posée tout à l’heure
entre le Magistère pris au sens traditionnel et le Magistère pris dans le sens
moderniste. Mais cela s’avère assez compliqué, car cela reviendrait à
dire : attention ! il y a plein de points que vous allez enseigner et
nous nous reconnaissons – et vous nous reconnaissez – le droit de ne pas être
d’accord et de vous critiquer publiquement.
Conclusion
Ce ne sont là que quelques critères parmi les conjonctures que nous
pouvons faire. N’ayant pas ces textes, nous n’avons pas à juger pour l’instant.
Nous avons à avoir ces critères de
jugement. A connaître la raison d’être de ces critères de jugement. Mais
nous n’avons pas à juger tant que les textes ne sont pas rendus publics, si tant
est qu’un jour ils le soient. J’espère personnellement, et je prie, pour que le
Pape Benoît XVI ne se prononce pas ces jours-ci, qu’il fasse sien l’avis donné
par la Doctrine de la Foi de patienter. Pourquoi ? Pour que rien ne soit
publié, agréé avant notre Chapitre Général qui se tiendra début juillet à
Ecône. Et c’est ce Chapitre Général qui résoudra ces divergences de regard,
c’est son travail, qui unira les volontés autour d’une ligne directrice
justement motivée.
Le
Chapitre Général.
Un mot sur le Chapitre Général parce qu’il est des fidèles qui s’étonnent
qu’en certains domaines, le Chapitre Général ait une autorité supérieure à
celle du Supérieur Général lui-même. C’est Saint Dominique, en fondant les
Dominicains, qui a inventé cela. Il n’a pris aucune décision seul pour la
gestion de l’ordre dominicain naissant. Toute décision se prenait en Chapitre.
Et progressivement, et en ce XIIIème siècle très religieux, les différentes
congrégations se fondant, les ordres mendiants, ont eu le même axe et très vite
ont été encouragés par les papes.
Aujourd’hui, de manière systématique, le droit des religieux explique
que tout ce qui relève des Statuts est de l’autorité du Chapitre Général. Un
Supérieur Général n’a pas le droit de changer les Statuts d’une congrégation
tout seul. Cela relève du Chapitre Général.
C’est normal parce que les Statuts la colonne vertébrale d’une congrégation.
Si on change les Statuts, on change la congrégation. Et nos Statuts à nous
précisent, comme tout ordre religieux, que les modifications de Statuts
appartiennent en propre au Chapitre Général. Et là, nous sommes évidemment face
à un changement majeur de Statut, surtout si on passe à une Prélature
personnelle. Je vous passe les détails canoniques, mais une Prélature
personnelle n’est pas du tout le même type d’institut religieux que le nôtre et
donc, on a un changement radical de Statuts. Cela relève de l’autorité du
Chapitre Général. C’est normal.
On a vu la ligne de conduite adoptée et déclarée par le Chapitre
Général de 2006. Ceci dit, on est dans l’ordre prudentiel, événementiel, il se
peut que des événements aient changé – Mgr Fellay l’estime et il est en droit
de l’estimer, attention, il est quand même plus renseigné que nous, il voit
plus de choses que nous – ; ces circonstances qui auraient changé
réclament-elles un changement d’attitude de la Fraternité Saint Pie
X vis-à-vis de Rome ? Ce sera au Chapitre Général de le dire. Ce sera à
lui, à lui seul. D’où l’importance de ce Chapitre et l’importance
effectivement, vu les enjeux énormes qu’il y a en tout cela, d’où l’importance
de notre prière, de garder la paix tant intérieure qu’extérieure.
Appel
à la modération.
Encore une fois, évitons de faire de certaines divergences que nous
pouvons estimer légitimes, évitons d’en faire des divisions, accusant les uns
d’ « accordistes à tout prix »,
les autres d’ « anti-accordistes par
principe ». Arrêtons ces bêtises. Ce n’est pas cela du tout qui est en
jeu. Ce n’est pas un refus par principe de tout accord, encore moins un
sédévacantisme de trois évêques. Ce n’est pas un accord à tout prix de la part
de Mgr Fellay – j’entends certains dire : « il est en train de trahir ». Arrêtons tout cela. Il y a des
divergences qu’on peut estimer légitimes, n’en faisons pas des divisions.
On a le droit aux différences, on a le droit aux divergences, on n’a
pas le droit aux divisions, sauf si la Foi et les mœurs sont engagées. A
l’heure qu’il est, avec les éléments que nous avons, la Foi, et le combat de la
Foi n’est pas engagé. Peut-être la question se posera-t-elle ainsi demain si
cette Déclaration vient à être publique et normative d’une nouvelle Prélature
personnelle. Mais pour l’instant, nous n’avons pas le droit aux divisions.
Pitié, aucun élément ne vous le permet, à moins que vous ne soyez dans le
secret des dieux, et que vous ayez lu cette fameuse déclaration Doctrinale.
Et c’est pourquoi – je finirai par là – M. l’abbé de Cacqueray a adressé
hier un communiqué à tous les prêtres, religieux, religieuses, frères, sœurs,
fidèles, qui sont présents dans le district de France. Très beau communiqué,
que je vous lis donc, daté d’hier.
«Eux
tous persévéraient d’un commun accord dans la prière avec les femmes et Marie,
mère de Jésus et ses frères. » Act. I, 14.
En ce jour de l’Ascension, les apôtres
se regroupent docilement autour de la très sainte Vierge Marie pour entrer au
Cénacle où ils vont persévérer dans la prière jusqu’à la fête de la Pentecôte.
Voilà l’exemple qui nous est laissé par la reine de tous les saints et par ceux
qui furent les colonnes de l’Eglise fondée par Notre Seigneur Jésus-Christ.
N’est-ce pas ce qu’ils auraient dû faire
dès le soir de l’Agonie et le Vendredi Saint pour éviter leur débandade et leur
dispersement ?
J’invite donc tous les membres de la
Fraternité qui se trouvent dans le district, tous nos fidèles et tous ceux qui
le voudront bien à se placer dans cette même réserve et dans cette même prière,
autour de Notre-Dame du Clergé, jusqu’à la fête de la Pentecôte. En ces
circonstances si difficiles, la vérité se fait connaître aux âmes qui
s’humilient devant Dieu, celles qui font taire leurs passions et leur agitation
intérieure pour n’avoir d’autre soif que celle de la vérité de Dieu et d’autre
volonté que la sienne.
J’ose formuler le vœu, pendant ces
journées qui précèdent la fête de la Pentecôte, que les responsables des forums
acceptent de fermer leurs forums. S’ils les laissent ouverts, que leurs
intervenants s’abstiennent d’y aller et, s’ils y vont quand même, qu’ils ne
s’attendent pas à dénicher la vérité dans la myriade des messages qui s’y
trouvent échangés.
Allons même jusqu’à faire abstinence
d’internet (une excellente pénitence à offrir !) et profitons du temps que l’on
gagnera ainsi pour relire les grands livres de Monseigneur Lefebvre. Prions
plus et mieux en terminant avec ferveur la grande croisade du rosaire demandée
par notre Supérieur Général.
Joignons à la prière notre pénitence,
comme la très sainte Vierge Marie nous a toujours pressés de le faire !
Prêtres, frères, religieux et religieuses, montrons l’exemple ! Demandons
pardon au Bon Dieu pour nos péchés de tout notre cœur et vivons en état de
grâce. Supportons dans la patience les sacrifices de notre vie quotidienne. Ne
délaissons pas notre devoir d’état parce que tout serait déjà perdu. Donnons
généreusement à Dieu quelque chose de nous-même qui nous coûte un peu pour nous
attacher plus fortement à Lui.
Nous vivons une grande épreuve. – C’est clair que la Fraternité n’a jamais été dans une
situation si délicate, si compliquée, et si périlleuse, d’un côté comme de
l’autre –. Mais Notre-Seigneur est
toujours présent dans la barque alors même que la tempête est déchaînée et
qu’elle semble devoir l’engloutir. Ne nous effrayons pas si Notre-Seigneur semble de nouveau dormir car, en réalité, Il
ne cesse de veiller sur nous. Nous le croyons de toute notre âme. C’est
pourquoi, au-dedans de nous-même, nous devons demeurer dans la sérénité, bien
certains que le Bon Dieu veille sur nous.
Implorons
le Ciel pour notre Supérieur Général, pour ses Assistants, pour nos évêques
afin que leur soient accordées les grâces de lumière et de force dont ils ont
besoin pour demeurer fermes dans le bon combat de la Foi, en ces circonstances
si difficiles. Nous devons une immense reconnaissance à nos quatre évêques et
nous supplions le Bon Dieu, le 30 juin 2013, de nous donner la joie de leur
fêter le beau jubilé d’argent de leur épiscopat.– Cela fera déjà 25 ans.
Demandons aussi ces grâces pour
nous-mêmes et les uns pour les autres car tous, nous en avons le plus grand
besoin. Dans toutes les maisons de la Fraternité, nous commençons ce soir la
neuvaine du « Veni Creator » chanté jusqu’à la fête de la Pentecôte auquel vous
pouvez vous unir.
En vous
conviant à terminer dans la plus grande ferveur la grande croisade du
Rosaire demandée par notre Supérieur Général et en attendant la joie de vous
retrouver tous sur les routes d’Orléans pour fêter notre chère Jeanne, je vous
confie tous au Cœur Douloureux et Immaculé de Marie,
Abbé Régis de Cacqueray, Supérieur du
District de France de la FSSPX
Je vous laisse sur ces belles paroles.
Abbé Patrick de La Rocque.
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